M’offres-tu un café?

Nous sommes des blockhaus

Ce qui me frappe dans notre famille c'est l'absence de rapports.  Voyez-vous, parce que même si on se fraye, n'arrivons à faire contact.  Dans la souplesse de notre langue où il y a mil mots pour lâcher à peu près le même sentiment mais à une intensité variable, peut-être nous est-il courant de sombrer dans un phrasé faussé; un peu lavé de son authenticité.  Voilà pourquoi nous nous retrouvons compartimentés chacun dans nos vies respectives, parce que nous sommes des blockhaus inaccessibles les uns pour les autres.  Aurions à s'ouvrir à l'autre. Aurions à devenir plus perméable.  Aurions à déballer nos secrets. Mais il y a une certaine gêne, piquante comme le dard d'une abeille. Peut-être est-ce d'ailleurs un moyen sûr pour se soustraire au pire? Des êtres cassés d'une même famille peuvent-ils réussir à s'ouvrir les uns aux autres grâce à leurs épreuves?
Je n'y crois pas.

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