M’offres-tu un café?

Des jours plus généreux?

Tabler sur un avenir meilleur lui fait peur.  A frayeur de dégringoler de haut à supposer qu'elle ne s'accomplisse pas.  Elle ne s'autorise plus à concevoir une autre vie que celle dans laquelle elle souffle pour l'instant.  Nullement question de se débiter des balivernes, de rêvasser en couleur ou de reconnaître que le Père Noël existe.  Défunte cette conviction d'efforts récompensés, ne reste qu'une saumâtre sensation que rien peut être plus pénible.  Désormais, c'est à ça qu'elle se bride pour ne pas se précipiter dans son gouffre.  C'est maintenant son seul accotoir pour ne pas couler.  Quel futile appui, n'est-ce pas?

A terreur de passer son existence à l'imaginer et à ne pas la concrétiser. D'y fondre en larmes parce que désarmée, n'aboutir à aucun but, rester encore et toujours sur ses appétits.  Admettre que sa destinée était réglée dès sa venue au monde et qu'elle était vouée à être dénuée de gaieté l'apaise, lui supprime l'envie de reconnaître qu'elle a mérité toute cette implacable existence pour des fautes qui lui appartiendraient.  Mais si elle se dupait et qu'elle était réellement responsable de sa mauvaise fortune, qu'aurait-elle pu commettre de si terrible pour être digne d'autant de désagrément?

Qu'est-ce que pourraient dépeindre des jours plus généreux ?  Elle constate qu'elle n'aspire pas à un bonheur ininterrompu, puisque sans souffrance par quel autre moyen connaître ce qu'est d'être bien?  Elle veut bien subir encore quelques intempéries si cela peut lui permettre de se sentir plus prospère par la suite, mais seulement et uniquement si ça la guide à un peu de béatitude.  Elle en a vachement besoin.

Si elle s'attribuait encore quelques réflexions pour des lendemains sympathiques, elle s'en imposerait des visées : elle empocherait son fric en accomplissant une profession qu'elle aimerait, elle s'initierait à l'amour sans s'éclipser à l'improviste parce qu'un jour son passé la traquera.  Elle se dépouillerait une bonne fois pour toute se son histoire ancienne, se pardonnerait d'avoir été si fluette et de ne pas l'avoir liquidé.  Elle se forcerait à le condamner et à se faire dédommager.  Brièvement, si elle se réservait encore quelques pensées pour une postérité réconfortante, elle se bernerait sans doute à avoir foi en quelqu'un : elle se cramponnerait à ce n'importe qui et elle lui imposerait de se livrer à une nouvelle descendance, l'astreindrait à s'associer à sa douleur pour qu'elle soit moins pesante, le chargerait de la conduite à bon port, l'engagerait à lui inspirer de ses convoitises.  Celui qui acquescerait à cette mission se frayerait sans nul doute une place au cimetière!

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